Young man at work learning craftsman profession, working with hammer and chisel. The artist carves a raw block of wood to make a wooden statue

Devenir un sculpteur de l’humain

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A l’heure où la ressource humaine constitue un facteur de réussite et de compétitivité, les dirigeants ne devraient-ils pas s’attacher à être des sculpteurs de cette matière humaine ?

 

Quand le sculpteur s’empare d’une bûche, d’une roche, d’une matière informe pour en faire émerger une œuvre, il entre dans un monde fait d’inconnu et de confusion. Il rencontre d’abord un bloc de matière brute auquel il devra donner forme et dont il devra faire jaillir le sens et la destinée.

 

Bien sûr, le sculpteur peut avoir une idée a priori de ce qu’il veut créer, un objectif. Mais, sa rencontre avec la matière, qui résiste, qui lui oppose des nœuds, des obstacles à contourner, l’oblige immanquablement à composer avec le terrain et ses vicissitudes, à improviser, à changer son idée pour coller avec les contraintes que lui impose cette matière ; Il faut jouer avec les nervures et les veines du bois qui obligent à changer ses plans. Au final, l’œuvre sera-t-elle exactement celle qu’il avait imaginé dans son esprit ? Rien n’est moins sûr. Et le sculpteur qui voudrait à tout prix exécuter son plan sans la moindre adaptation, risquerait de briser bien des bûches de bois, pour au final abandonner et ne jamais aboutir au moindre résultat.

 

Les métiers de l’humain et de la relation sont au fond de la même nature que celui du sculpteur. Et la matière humaine présente les mêmes contraintes, les mêmes résistances, que cette bûche de bois avec laquelle le sculpteur doit faire corps pour entendre les propositions qu’elle lui souffle et adapter l’œuvre à ce que cette bûche peut donner.

 

Dirigeants, managers, responsables RH, ou encore commerciaux, vous êtes au fond des sculpteurs de l’humain, car votre matière quotidienne c’est cette matière humaine avec son histoire, ses nœuds, ses potentialités, ses limites, ses veines qui dessinent des chemins que l’on peut prendre et d’autre que l’on ne peut pas emprunter. Donner du sens face à cette matière humaine, c’est faire émerger l’œuvre, en tenant compte du réel et de la matière brute à partir de laquelle on cherche à construire quelque chose. L’erreur serait de trop anticiper, de s’en tenir au plan de départ sans jamais dévier. C’est le plus sûr chemin pour ne jamais aboutir ; Il faut au contraire accepter de se laisser surprendre et de faire évoluer ses stratégies, ses objectifs, le sens que l’on donne, bref l’œuvre que l’on veut accomplir en se laissant inspirer par les contraintes que nous pose la matière et les propositions qu’elle nous fait. C’est pour cela que l’écoute est un déterminant essentiel du succès. Le sculpteur qui n’écoute pas la matière, qui cherche à passer en force, à donner une forme là où le bois est trop fragile ou trop résistant provoquera la cassure et tout sera à recommencer. Il en va de même pour le dirigeant ou le manager qui n’est pas assez à l’écoute de ses collaborateurs et qui cherchera à passer en force où à imposer une vision sans accepter de la laisser se modifier en fonction de ce que la ressource humaine qu’il doit gérer lui oppose comme limites et lui propose comme opportunités.